Dans un bouge enfumé des bas-quartiers de San Juan, Siab le sanglant et son équipage comptaient leurs derniers doublons en éclusant quelques choppes de mauvais alcool. Le Rat, le quartier-maître de Siab, entra dans la taverne, regardant tout autour de lui d'un air inquiet. Ayant repéré son capitaine, il alla rapidement s'asseoir à la table où celui ci était installé avec Maria."Capitaine! Vous connaissez la nouvelle ?""Non. Qu'est qui se passe encore ?" gromella Siab." Big Joe, le chef des marrons, a été grièvement blessé lors d'un raid sur une Habitation.""Et alors ? Qu'est ce que tu veux que ça me fasse ?""Et bien, il doit être vulnérable maintenant. Si nous trouvons le répère des nègres marrons, nous pourrions facilement capturer Big Joe et empocher la récompense qu'offre le gouverneur."Siab resta pensif quelques instant tandis que Le Rat attendait avidement que l'idée fasse son chemin dans la cervelle de son chef."J'ai une meilleure idée!" s'écria soudainement Siab à son équipage." Nous allons chercher le répère des nègres marrons et capturer leur chef!!""Mais...." dit Le Rat."Silence imbécile!" cria Siab en faisant taire son quartier-maître d'un magistral coup de poing."Allez, mes braves, mettons nous en route. De beaux doublons d'or nous attendent."Nous nous sommes retrouvés à trois, Timur, STéphane et moi pour jouer à LEGENDS OF THE HIGH SEAS. Ne disposant pas de bateau et voulant jouer le scénario "Steal that ship!", nous avons remplacé le navire par le chef blessé des nègres marrons. STéphane doit défendre son chef, allité dans une case du village, tandis que Timur et moi tentons de nous emparer de lui.
La petite troupe de pirates serpentait à travers les champs de canne à sucre. Siab se retourna vers Maria et Ned, ses seconds, et chuchota: "Bonne idée que j'ai eu là de suivre cette jeune esclave. Je me doutais bien que les esclaves des plantations ravitaillaient les marrons dans la montagne. Elle va nous mener tout droit au village de Big Joe.""Mais...." dit Le Rat."Silence!" murmura Siab tout en le foudroyant du regard.Nous avons joué sur une table d' 1,80 x 1,20m dans le sens de la longueur. Ma bande et celle de Timur devaient atteindre la case de Big Joe située à l'autre extrêmité. Le vainqueur serait celui qu, à la fin d'un tour, aurait le plus grand nombre de figurines dans les 6 pas autour de la case.
"Que le grand cric me croque!" s'exclama Siab en repliant sa longue-vue. "Ces maudits bretons de Timor le fourbe nous ont suivi. Vite, il faut arriver au village avant eux.""On dirait que nous avons été repéré, Capitaine" l'avertit Ned Tyler. En effet, une cetaine effervescence régnait dans le village. Les femmes et les enfants gagnaient précipitamment l'abri de la jungle en emportant quelques affaire tandis que les hommes saisissaient leurs mousquets et venaient à la rencontre des intrus."Ils ne fuient pas comme à leur habitude", estima Siab. "Ca veut dire qu'ils ne peuvent pas transporter leur chef et qu'ils veulent le protéger. En avant, les enfants! On va leur faire voir qui nous sommes!!""Il ne faudrait surtout pas qu'ils voient combien nous sommes...." ajouta Le Rat qui avait remarqué que l'équipage de Siab était inférieur en nombre à chacun de ses adversaires.Ma bande et celle de Timur avancèrent à bonne distance l'une de l'autre tandis que les marrons de STéphane montaient sur un falaise face à mes pirates. Arrivé à portée de mousquet, les marrons firent feu et abattirent Maria.
Timur détacha un homme armé d'un mousquet (voir photo ci-dessus) pour tirer sur ma bande par derrière mais un tir bien placé du Rat eu raison de lui. Quand je vous disais que Timur est fourbe.....
La situation était délicate: j'avais tous les marrons face à moi et la voie était libre pour que Timur atteigne l'objectif.
Je laissais mes trois hommes équipés de mousquet à l'arrière pour tirer sur les marrons tandis que Siab et deux pirates avançaient pour en découdre au cops à corps. Mes tireurs tuèrent un nègre marron mais, globalement, les échanges de tir furent assez infructueux. Ils me firent cependant prendre conscience que j'exposais beaucoup mon capitaine et je décidais de le mettre à couvert de la falaise le temps que mes hommes abattent quelques tireurs ennemis de plus.
La photo ci-dessus montre bien la magnifique manoeuvre de Siab.
Mais si la falaise mettait Siab à l'abri des tirs des marrons, son mouvement tournant le plaçait à portée de mousquet des corsaires de Timor. Aussi, avec le sens affiné de la stratégie qui le caractérisait fit il faire demi-tour à ses hommes pour attaquer les marrons.
"J'en ai assez!!! Je vais pas passer la journée à me cacher comme un rat le temps que ces imbéciles dégomment les marrons!" s'écria Siab aux deux marins qui l'accompagnaient."On va reprendre les bonnes habitudes: armez vos pistolets, sortez vos sabres et..... EN AVANT!!!!"Avec une témérité qui ferait passer la charge de la brigade légère pour une randonnée pédestre, Siab et ses hommes chargèrent dans la vallée de la mort sous les tirs des nègres marrons. Le dieu des pirates était-il avec eux ?
Toujours est-il qu'ils évitèrent quantité de tir et parvinrent à portée de pistolet de leurs adversaires. Là, ils déchargèrent leurs armes.....sans le moindre effet.
Par contre, la riposte des marrons tua un pirate et abattit un des marins qui couvraient l'assaut de Siab.
"Nous n'y arriverons jamais!! cria Siab. On s'en va!! Cours!"Siab et Sam Bowles prirent leurs jambes à leur cou et dévalèrent les pentes du morne en direction de San Juan.Le Rat et Ned Tyler avançaient précausionneusement au pied de la falaise. Les marrons avaient cessé de leur tirer dessus pour se concentrer sur la bande de Timor."Qu'est ce qu'on fait ?" demanda Le Rat au Second."Ce n'est pas nous deux qui allons renverser la situation. Profitons de ce que Timor et les nègres s'expliquent sans faire attention à nous pour mettre les voiles."Les deux hommes revinrent rapidement sur leurs pas en jetant de rapides coups d'oeil derrière eux."Hé! Tu vois ce que je vois, Ned ?" dit Le Rat."Mais oui, c'est l'espèce de rascal qui voulait nous aligner tout à l'heure. On dirait que tu l'as pas tué Rat..."Le corsaire allongé dans les broussailles présentait une large estafilade au front, laissé par la balle du Rat. Il était à moitié inconscient et bredouillait des propos décousus."Aide moi à le porter, Ned." dit Le Rat, puis s'adressant au français: "Tu viens avec nous, mon mignon, et prie pour que Timor ait de quoi payer pour te récupérer."Je décidais donc de faire une déroute volontaire, estimant que ma bande avait assez souffert dans l'affaire.
La bataille se poursuivit donc, entre Timur et STéphane. Timur fit avancer trés prudemment ses pirates, certains arrivant même jusqu'à la case ou était Big Joe. Mais, les hommes de STéphane firent des vides dans leurs rangs et, devant l'ampleur des pertes, Timur décida de dérouter volontairement alors qu'il était trés près de l'objectif.
Timur a beaucoup joué à DBM quand il était petit. Il en a gardé de graves séquelles psychologiques qui font qu'il mesure tout (il me demande d'ailleurs régulièrement combien mesurent mes plaques de terrain) et cherche les moindres angles favorables que ce soit pour tirer ou pour se cacher.
On le voit, ici, contorsionné sur la table, en train de vérifier angles de tirs et portées pour parvenir à cacher 4 corsaires derrière une meule de foin. Un grand moment de bravoure!!
Victoire sans appel de STéphane, donc, qui a fait mentir une légende urbaine tenace prétendant qu'il perd toujours lorsqu'il joue à un jeu basé sur un système GAMES WORKSHOP.
La phase d'aprèspartie me fut assez favorable puisqu'un seul de mes marins passa de vie à trépas. Les autres récupérèrent de leurs blessures, un de mes marins gagnant même des points d'expérience au passage (double 6). Un des corsaires de Timur fut capturé par l'ennemi. Les nègres marrons ne faisant pas de prisonniers, nous décidâmes qu'il avait été pris par mes pirates et que je le libérerais contre une rançon de 20 doublons (1d6 x 10).
Une partie trés amusante au final. Le jeu tourne bien, les batailles sont dynamiques et pleines de rebondissements. Le fait de jouer en campagne change beaucoup les choses et on utilise souvent la déroute volontaire pour préserver ses troupes. Dans le cas présent, ça m'a pas mal réussi.
Des idées viennent déjà pour les autres batailles de la campagne, Timur ayant gromelé qu'il lui faudrait trouver de l'argent pour payer la rançon. Vivement la suite!!
Vous pourrez retrouver d'autre compte-rendus tout aussi objectifs sur les blogs de STéphane et de Timur. A bientôt pour la suite des (més)aventures de Siab le Sanglant.
http://citeenjeux.blogspot.com/2009/03/albi-nous-voila.html